Ivan Pavlov (1849-1936) est un médecin et physiologiste russe. Ses travaux avaient pour but de démontrer les réflexes conditionnels. Ses cobayes étaient des chiens. Lorsqu’il nourrissait un chien, il utilisait des stimuli sonores ou visuels. Progressivement, le chien associait les stimuli et la nourriture. Dès que le stimulus était activé le chien salivait. Cette étude nous montre la manière dont nous sommes stimulés par l’environnement ou comment l’environnement peut, sans raison apparente, provoquer de la peur, de l’angoisse ou du bien-être.
Imaginons un enfant qui, tous les dimanches, se rend chez ses grands-parents. Ces derniers, pour lui faire plaisir, lui préparent toujours le même plat. Lorsque l’enfant entre dans la cuisine, l’odeur de son plat préféré génère en lui physiologiquement des ondes de bien-être. Les stimuli peuvent être visuels, sonores, mais aussi olfactifs. Il y a deux facteurs à prendre en compte pour que le conditionnement opère : la répétition et le stimulus. Une fois ces deux facteurs réunis, l’association odeur et bien-être s’installe. A l’âge adulte, il y a fort à parier que l’enfant exposé à cette odeur ressentira de manière non consciente du bien-être. Là, c’est la partie sympa !
Passons aux choses sérieuses maintenant : les peurs, les phobies, les traumatismes. Avant de donner un exemple, parlons de l’expérience de John Watson (psychologue américain à la déontologie plus que douteuse !) sur le petit Albert en 1920. Les résultats de cette expérience seront invalidés en 2012 car l’enfant aurait souffert de troubles cognitifs sévères, mais le cas reste intéressant. Albert a neuf mois lorsqu’il subit cette expérience. Il s’agit de conditionner l’enfant à la peur d’une souris blanche. Au départ l’enfant voit la souris et s’amuse avec elle, sans aucune peur apparente. Ensuite il sera soumis à des sons stridents qui, eux, l’effraieront au plus haut point. Voilà, la recette est prête, on associe les deux et l’enfant est terrifié par la souris. Sa phobie s’élargit à tous les animaux portant une fourrure blanche. Bravo Monsieur Watson, vous avez traumatisé un enfant ! Albert est mort à l’âge de 6 ans d’une méningite, il est donc impossible de savoir si sa phobie aurait perduré.
Fort heureusement, la psychologie et les neurosciences ont beaucoup évolué depuis. Néanmoins, ces expériences nous montrent bien de quelle manière l’environnement peut réactiver une émotion agréable ou désagréable durant des années. Parfois, il suffit d’un tout petit ingrédient pour la réactiver. Prenons en exemple le cas d’une agression. Un collégien se fait agresser à la sortie des classes. Le petit caïd du collège l’attend dehors, se dirige vers lui, lui met un couteau sous la gorge et menace de le tuer, lui et toute sa famille, s’il ne lui remet pas de l’argent chaque semaine. Le collégien est terrifié et vit quinze jours d’enfer en s’imaginant à chaque seconde que le caïd va venir chez lui et tuer tout le monde. Au fil du temps, sa peur s’apaise. La peur s’est inscrite dans son organisme et chaque fois qu’il croisera une personne, qui lui semble menaçante, il revivra de la même manière la peur initiale. Dans ce cas précis, le facteur déclencheur est l’apparence de la personne qui lui semble menaçante. Le collégien devenu adulte revit cette terreur dès que se présente dans son environnement une personne aux traits caractéristiques de son agresseur. Prendre conscience que la menace supposée n’existe pas en réalité (c’est la menace ancienne qui est réactivée aujourd’hui à travers l’environnement) permet de vivre l’évènement de manière moins intense.
En Gestalt, nous partons du principe qu’organisme et environnement sont indissociables. Soudain nous avons peur, soudain nous nous sentons bien, soudain nous sommes agacés, et cela sans forcément identifier de raisons rationnelles à ces changements d’états. Mettre de la conscience sur les facteurs déclencheurs de nos états émotionnels est l’une des solutions possibles permettant la réduction de l’intensité de ceux-ci.