Bljuma Zeigarnik (1900-1988) est une psychologue russe ayant donné son nom à sa découverte « l’effet Zeigarnik ».
Elle démontre, à travers une expérience réalisée avec des enfants, que le souvenir des actions inachevées se conserve mieux que celui des actions achevées. Cette expérience est simple : la psychologue demande aux enfants de réaliser une vingtaine de tâches dans un temps imparti. L’accomplissement de l’ensemble des tâches étant impossible dans le laps de temps imposé. Les enfants sont ensuite interrogés sur les tâches effectuées. Cette étude révèle que les enfants mémorisent plus facilement les tâches qu’ils n’ont pas pu terminer. Cette mémoire crée une tension durable dans l’organisme.
Pour faire simple, disons que lorsque nous terminons une tâche, nous libérons de l’espace en nous ; à l’inverse, nous stockons dans notre organisme une forme de tension ou de stress tant que cette tâche reste inachevée. Maintenant, la question que nous devons nous poser est la suivante : depuis notre naissance, combien de tâches n’avons-nous pas terminées ? Avant de répondre à cette question il est important de définir ce que pourrait être une tâche. Le spectre est large, et selon la gravité de la tâche, la tension sera
plus ou moins importante en nous.
Prenons l’exemple d’un enfant de cinq ans s’amusant avec ses Lego dans le but de construire une tour qui atteindrait le plafond sa chambre. Sa mère entre et le somme de venir dîner, sauf que l’enfant a bien envie de terminer son projet d’architecture dans sa chambre. Voyant l’enfant dissipé à table, maman se fâche et lui confisque à jamais ses Lego (oui, c’est cruel !). Malgré, sans doute une forme de maltraitance que nous allons exclure de l’équation dans cet exemple, il y a de fortes probabilités que l’enfant se souvienne de ce moment sans que cela génère une tension insoutenable en lui. Peut-être à l’âge adulte sera-t-il pris en flagrant délit par ses enfants en train de bâtir cette fameuse tour dans leur chambre !
Passons aux choses un peu plus sérieuses maintenant … Imaginons un enfant qui, jour après jour, met tout en œuvre pour attirer l’attention de ses parents. Il boude, il crie, il fait des bêtises, il parle mal, et au final ne reçoit que des réprimandes ; son besoin d’attention restera inassouvi ! Voilà un bel exemple de tâche inachevée qui va créer non seulement de la tension, mais aussi de la répétition. C’est ce que nous appelons une Gestalt inachevée. Il est possible que cet enfant demande, tout au long de sa vie, l’attention des autres sans prendre conscience du schéma initial. C’est une double peine, car non seulement cette situation inachevée va générer de la tension, mais elle va se répéter. De manière non consciente, l’enfant devenu adulte tente d’achever l’inachevé.
L’effet Zeigarnik démontre donc que tout ce que nous n’arrivons pas à clore s’inscrit en nous sous forme de tension. J’ajoute à cela un possible schéma de répétition. L’un des buts de la thérapie est d’aider l’autre à repérer ce qui se répète indéfiniment dans sa vie, à en prendre conscience et progressivement se libérer des tensions engrammées. Les prises de conscience sont un atout majeur dans le travail thérapeutique de chacun.